Un an après avoir remporté le DÉFI’23 de la FTI dans la catégorie PROJET, Joris Vaucher, fondateur de Lightswing Solar, revient sur les avancées de son concept novateur de panneaux photovoltaïques verticaux, bifaciaux et balançants. Récompensée pour son approche innovante et ses installations légères nécessitant peu d’entretien, cette solution ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine de l’énergie solaire grâce à la faible prise au vent.
Nous retrouvons aujourd’hui Joris pour faire le point sur l’évolution de son projet et les prochaines étapes à venir.
Un an après avoir remporté le DÉFI’23 dans la catégorie PROJET, où en est votre projet ?
Notre projet a fait des avancées significatives. Nous avons enfin installé deux prototypes qui permettent de profiter des multiples avantages du photovoltaïque bifacial vertical en s’accommodant de son inconvénient majeur : la prise au vent. Ces structures se composent de poutres sur lesquelles plusieurs panneaux solaires sont fixés. Leur particularité est de pouvoir osciller dans le vent, de façon à réduire considérablement la contrainte du vent exercée sur la structure.
Pour donner un exemple plus précis : une poutre mesure environ 10 mètres et porte quatre panneaux de 600 watts. Lorsque le vent souffle fort, la poutre s’incline et s’aligne partiellement avec la direction du vent, réduisant ainsi sa pression sur l’ensemble de la structure. En comparaison, grâce à ce système, la prise au vent de ces quatre panneaux est inférieure à celle d’un seul panneau fixe.
Cela nous permet de construire des fondations et des supports bien plus légers et moins coûteux, tout en réduisant l’utilisation de matériaux comme l’acier et les ancrages au sol. Ce gain n’est pas seulement financier, mais aussi environnemental, car nous utilisons moins de ressources.
Nous avons installé le premier prototype un jour très venteux et avons ainsi pu directement observer son comportement « en conditions », et nous sommes satisfaits du résultat. Nous avons même installé le second prototype récemment, malgré des conditions particulièrement difficiles, avec de la boue jusqu’aux genoux à cause d’un terrain inondé.
Aujourd’hui, nous sommes heureux de voir que tout fonctionne comme espéré.
Quelles sont les prochaines étapes prévues ?
Les prochaines étapes de notre projet incluent la réalisation de démonstrateurs plus grands, en utilisant une V2 de nos solutions. La V1 actuelle nous a permis de tester le concept, mais des améliorations sont déjà envisagées pour optimiser le montage et réduire les coûts de production. Cela inclut la réduction du nombre de pièces et de soudures ou encore la simplification de certains composants réalisés sur-mesure, ce qui est essentiel pour rendre le produit plus compétitif dans le secteur du photovoltaïque, où les marges sont très serrées.
Concernant l’avenir, ce système pourrait être utilisé dans différentes configurations, notamment en hauteur, au-dessus de vergers ou autres cultures. Il est également envisagé de l’installer dans des zones industrielles sous forme de centrales verticales, où des poteaux supporteraient plusieurs étages de nos poutres photovoltaïques oscillantes. Ce type de configuration est particulièrement adapté aux terrains linéaires, étroits ou difficilement exploitables pour d’autres usages, par exemple près de façades borgnes ou dans des espaces industriels déjà utilisés pour d’autres fonctions. Le fait de les installer en hauteur maximise les possibilités de double-usage de la parcelle.
En plus de l’économie en termes de matériaux, cette configuration permet également une production énergétique intéressante, notamment avec des panneaux bifaciaux orientés nord-sud. Ceux-ci captent la lumière du matin à l’est et celle de l’après-midi à l’ouest, générant deux pics de production par jour, ce qui est optimal pour des usages industriels.
Nous travaillons également sur un projet de démonstrateur dans les Hautes Alpes, où les conditions de vent sont souvent trois fois plus fortes qu’en plaine, rendant notre système d’oscillation dans l’axe du vent particulièrement pertinent.
Je tiens à préciser que, contrairement à ce que le concept balançant pourrait faire penser, les panneaux sont quasiment tout le temps immobiles. Ce n’est qu’en cas de tempête qu’ils vont commencer à s’incliner.
En quoi le DÉFI’23 vous a-t-il aidé à concrétiser votre projet ?
Le DÉFI’23 a joué un rôle essentiel dans la concrétisation de notre projet, en nous offrant un soutien financier précieux au moment où nous en avions le plus besoin. Les 10 000 francs que nous avons remportés ont été intégralement investis dans le développement technique de notre solution, en particulier pour couvrir des frais de R&D et de collaboration avec plusieurs partenaires spécialisés en mécanique des fluides, en mécanique structurelle, et en industrialisation. Ce financement nous a permis de poursuivre des étapes importantes du développement sans interruption.
L’une des retombées majeures du DÉFI a été de nous pousser à explorer des applications industrielles pour notre technologie. Avant de participer, nous étions principalement concentrés sur des solutions agrivoltaïques et des installations dans des environnements alpins. Cependant, la participation au DÉFI m’a fait réaliser que les zones industrielles représentent un terrain d’opportunité particulièrement prometteur pour les centrales photovoltaïques verticales.
En effet, contrairement aux environnements agricoles ou alpins, où les contraintes esthétiques sont souvent un frein au développement de structures visibles comme des centrales verticales, les zones industrielles, avec leur caractère fonctionnel et leur esthétique moins sensible, sont parfaitement adaptées à ce type d’installation. De plus, ces zones sont souvent occupées par des entreprises à forte consommation énergétique, ce qui permet de maximiser l’autoconsommation de l’électricité produite par les panneaux solaires et d’augmenter ainsi la rentabilité du projet.
Que diriez-vous aux potentiels candidats pour leur donner envie de participer au DÉFI’25 ?
Je ne peux que vivement encourager les potentiels candidats à participer au DÉFI’25. Certes, cela demande du temps et de l’énergie pour préparer un dossier convaincant, mais cela en vaut vraiment la peine. Et même si on ne gagne pas, l’exercice reste bénéfique. Travailler sur un dossier de candidature permet de mieux structurer ses idées et de se préparer pour d’autres opportunités, qu’il s’agisse de concours ou de discussions avec des partenaires.
Au-delà de l’aspect financier, l’une des grandes valeurs ajoutées du DÉFI est la visibilité qu’il offre. Lors de la remise des prix, j’ai eu l’opportunité de brièvement présenter notre projet devant environ 300 invités, ce qui m’a permis d’attirer l’attention de plusieurs personnes intéressées par notre solution. Cette exposition est inestimable, surtout quand on développe une technologie innovante et qu’on cherche à la faire connaître. Dans les mois à venir, quand notre produit sera prêt à être commercialisé, je suis certain que cette visibilité nous aidera à trouver des partenaires et à réaliser des démonstrateurs, notamment dans les zones industrielles.
Si vous êtes une entreprise en zone industrielle et que vous êtes intéressée par l’installation d’un pilote, n’hésitez pas à contacter Joris Vaucher pour en discuter.