Se reloger pour faire place au PAV - Entretien avec Jérôme Gerbier

Longtemps à l’état de projet, le PAV entre progressivement en phase de réalisation, de premiers chantiers étant aujourd’hui concrètement agendés et appelés à sortir de terre dans les prochaines années. Conséquence inévitable de cette évolution urbaine, de nombreuses entreprises doivent aujourd’hui quitter la zone pour laisser place à la ville.

By My Car, groupe français automobile gérant un réseau de concessions en France et en Suisse, où il a repris les activités de Peugeot Suisse depuis 2006, fait partie des concernés. Courant 2017, l’entreprise quittera ses terrains des Acacias pour regrouper ses activités genevoises sur son site de Meyrin. Une démarche dans laquelle son directeur général, Jérôme Gerbier, voit des opportunités.

 

FTI: Quel est le contexte ayant mené à ce déménagement ? 

Jérome Gerbier: En 2009, alors que le droit de superficie que nous avions repris au rachat de Peugeot Suisse arrivait à son terme, nous avons convenu avec la FTI de libérer les terrains que nous occupions dans les 10 ans, soit au plus tard en 2019. Nous avons eu la volonté d’anticiper, en opérant une transition progressive de notre fond de commerce. Il était important pour nous d’accepter le fait que la ville manque de place et doit se développer. Nous avons alors cherché une solution gagnant-gagnant nous assurant une transition progressive. Nous déménageons ainsi en avril 2017.

FTI: Quels sont les défis posés par ce relogement ?

JG: Il y a, évidemment, un risque potentiel sur la clientèle, mais le projet de développement genevois est concret. Si la ville ne se développe pas, les entreprises ne se développeront pas non plus. Elles ne doivent pas utiliser les terrains les plus intéressants, où peuvent prendre place des logements et des activités de centre-ville. A très court-terme il y a bien sûr un risque, mais nous estimons que nous pourrons l’amortir en 2 ou 3 ans. Nous n’avons pas de gain assuré, mais nous ne devrions pas subir de pertes.

FTI: Ce déménagement est-il une opportunité pour vous de repenser votre activité, de l’optimiser ?

JG: En étant à Meyrin, les déplacements pour certains de nos clients se rallongent. Nous profiterons donc du déménagement pour développer un service d’attente du véhicule et garantir pour de nombreuses prestations que le client passe moins d’une heure sur place. Nous engagerons deux opérateurs sur le même véhicule, selon des procédures validées par le constructeur. En travaillant deux fois plus vite sur votre véhicule, nous compensons le temps de déplacement.

FTI: Que diriez-vous aux entrepreneurs qui hésitent aujourd’hui à quitter le PAV ?

JG: Ceux qui ne veulent pas partir n’anticipent pas les difficultés à venir, en termes de trafic ou, pendant la réalisation du PAV, la difficulté à opérer normalement dans une zone largement en travaux. La ville doit être ré-urbanisée à travers l’habitat et nous ne devons pas y faire obstacle. L’intérêt commun, c’est le développement.

Je comprends qu’il soit plus difficile pour une activité d’hyper-proximité de se déplacer, et notre cas ne s’applique pas à tous. Mais dans le cas de l’automobile, ou pour des entreprises de construction par exemple, déménager n’est pas un risque. Il est clair que l’on ira toujours chez les concessionnaires, même plus loin du centre. Nous l’avons expérimenté dans plusieurs villes en France qui avaient les mêmes impératifs de développement, nous avons déménagé pour laisser la place mais n’avons jamais perdu de chiffre d’affaires. Il faut savoir s’adapter. Si l’on peut bénéficier d’un autre terrain à des prix convenables, il faut le faire.

Entrer dans le conflit n’a pas de sens. Encore une fois, nous avons l’habitude de bouger et cela se fait toujours en bonne entente avec les autorités, sans y perdre au final. Dans notre cas, déménageant à Meyrin, nous nous renforçons en plus dans une zone attractive, qui se développe fortement.

FTI: Comment s’est passé la collaboration avec la FTI ?

JG: Notre relation a toujours été excellente, et par dessus tout, honnête. La FTI n’était au départ pas obligée de nous proposer un bail de dix ans, mais nous avons toujours travaillé avec des gens compréhensifs et ouverts à la négociation, gardant en tête l’intérêt commun. La FTI nous a laissé le temps pour opérer une transition. Les contacts sont faciles et orientés vers le dialogue. C’est un interlocuteur fiable pour les entrepreneurs qui souhaitent trouver des solutions de relogement.