Rapport d'activités 2023 de la FTI

Delphine BachmannConseillère d’État chargée du DEE

Delphine Bachmann, Conseillère d’État chargée du DEE

 

Genève est plus que jamais un canton industriel !

Les zones industrielles de Genève sont bien plus que de simples agglomérations d’entreprises. Elles incarnent l’esprit d’innovation, de diversité et de solidarité qui caractérise notre canton. En favorisant les collaborations innovantes, en promouvant un développement durable et en contribuant à l’insertion professionnelle, les zones industrielles jouent un rôle central dans la construction d’un avenir prospère et équitable pour tous. C’est pourquoi il est essentiel de préserver et de valoriser ces précieux territoires, véritables joyaux de l’économie genevoise.

La richesse de ces zones réside tout d’abord dans leur diversité. Sur 3 % du territoire, elles abritent un éventail impressionnant d’entreprises et d’activités : 5000 entreprises et 500 secteurs économiques, allant de la haute technologie à l’artisanat traditionnel, en passant par l’industrie manufacturière et les services aux entreprises. Cette variété offre un terreau fertile pour des collaborations innovantes et des synergies inattendues, comme la création, grâce au soutien de la FTI, de la COOFIFI aux Cherpines, une société coopérative immobilière d’utilité publique pour industriels et artisans.

Je veux aussi ici mentionner les écoParcs, qui ont été encouragés par le Conseil d’État dans son Programme de législature 2023-2028. Véritables laboratoires de gouvernance, d’aménagement et d’expérimentation, les écoParcs industriels incarnent l’engagement de Genève pour un développement durable et responsable. En favorisant la densification et les pratiques respectueuses de l’environnement, les écoParcs contribuent à renforcer l’attractivité et la compétitivité du canton tout en préservant le sol et les ressources naturelles.

Mais ce développement économique peut-il être dissocié de la question cruciale de l’employabilité ? La réponse est clairement non. En effet, la prospérité économique ne saurait être pleinement réalisée que si chaque individu a la possibilité de participer activement au marché du travail. Il en va de la responsabilité collective de chacune et chacun, à laquelle doivent contribuer tant les pouvoirs publics que les entreprises elles-mêmes.

Dans cette optique, des initiatives telles que le projet d’insertion professionnelle Tourbillon et le programme de formation aux métiers de l’industrie du Bâtiment SPARK de la CIEPP, menés dans la zone industrielle de Plan-les-Ouates (ZIPLO), revêtent une importance cruciale. En offrant des opportunités de formation et d’emploi à des personnes souvent marginalisées sur le marché du travail, ces projets participent activement à la construction d’une société plus inclusive et solidaire. Ils démontrent que les zones industrielles et artisanales ne sont pas seulement des moteurs de croissance économique – elles représentent 16 % du PIB genevois – mais sont aussi des leviers essentiels pour l’emploi puisqu’il y a 80’000 emplois dans les zones industrielles de notre canton.

Guy Vibourel,Président du Conseil de fondation et Guillaume Massard, Directeur général

Guy Vibourel, Président du Conseil de fondation et Guillaume Massard, Directeur général

 

Interview croisée

Fin de législature, transformation de la FTI, évolution du PAV, etc. : Guy Vibourel, Président du Conseil de fondation, et Guillaume Massard, Directeur général, ont échangé leurs points de vue sur ce qui a fait 2023 et sur ce qui fera 2024.

 

L’année écoulée met un terme à la législature 2019-2023 du Conseil de fondation de la FTI. À l’heure du bilan, que faut-il en retenir ?

Guy Vibourel : Avant tout le formidable travail accompli par les équipes de la FTI et le Conseil de fondation. Les collaboratrices et collaborateurs ont fait preuve d’esprit d’initiative et démontré leurs compétences. Quant au Conseil, je souligne l’implication de ses membres. Ils ont soutenu les activités du Bureau et de la direction générale dans un esprit constructif et, si j’ose dire, avec sagesse.

L’enjeu était de taille : il était question de réorienter la stratégie de la FTI, de repenser ses valeurs et ses missions. Aujourd’hui, la FTI est plus agile, agit de manière transparente, est porteuse de multiples projets et s’oriente vers davantage de durabilité. Elle consolide aussi son rôle fédérateur au sein de l’écosystème économique local.

Guillaume Massard : Le Conseil nous a permis d’opérer cette transformation en renforçant progressivement nos équipes – de près de 50 % en trois ans – et nos compétences, en modernisant certains outils et en en développant de nouveaux. Cette étape franchie, nous devons encore mener un travail de simplification de nos processus, afin de répondre au mieux aux enjeux du terrain.

Je reviens aussi sur l’effort de transparence. Nous avons récemment publié la pratique administrative qui cadre l’usage du droit de préemption sur les cessions de terrain en ZDIA. Voilà un exemple de la manière dont nous traduisons cette valeur dans les faits : nous prenons le temps de clarifier et de partager ce qui fonde nos décisions.

Pour rester sur le plan règlementaire, 2023 marque un aboutissement. Quelles en seront les conséquences concrètes dès 2024 ?

G.M. : Nous avons démontré que l’évolution règlementaire peut être source d’innovation, si elle est en phase avec les attentes du marché. L’entrée en vigueur du nouveau Règlement sur les zones industrielles et d’activités mixtes (RZIAM) redéfinit l’éligibilité des entreprises en ZI et débloque de nombreux projets en attente. Les enjeux sont importants, et pour être bien compris, nous avons initié avec la DG DERI une campagne de vulgarisation et de clarification auprès des associations faîtières – aussi pour mieux faire comprendre le rôle des zones industrielles dans l’économie locale.

De même, la législature qui s’est achevée a approuvé un nouveau Règlement sur les droits à bâtir, le RDAB. La prochaine devra se pencher sur son application et la mise en place de la première grande zone d’activité mixte.

Le PAV n’arrête pas de bouger, les chantiers avancent et se multiplient. Quelles sont les prochaines étapes pour la FTI au sein de l’opérateur urbain Praille-Acacias-Vernets ?

G.V. : La mise en place de l’opérateur urbain est un élément central de la législature et l’année écoulée a démontré que la collaboration entre la Direction PAV, la Fondation PAV et la FTI est devenue réalité et fonctionne à la satisfaction de tous.

Pour sa part, la FTI a intensifié ses contacts avec les entreprises présentes dans le PAV et initié des projets visant à accélérer leur relocalisation. Nous avons élargi notre capacité d’acquisition et d’équipement pour créer de l’offre. Ainsi, d’autres projets se précisent comme la commercialisation des Cherpines, la réalisation de la pièce urbaine du Plantin ou encore, en matière de planification, l’image directrice du secteur Praille-Ouest.

G.M. : Les premiers programmes de relocalisation initiés depuis mon arrivée sont en passe d’obtenir leurs autorisations de construire, c’est très réjouissant. Dans ce contexte, le résultat du vote communal à Bernex portant sur le PDZIA, en novembre 2023, est l’expression d’une certaine compréhension du grand public à l’égard des besoins du secteur industriel et artisanal, des activités qui participent à la diversité et à la résilience de l’économie cantonale.

Vous avez également accéléré la création de nouvelles commissions éco- Parcs, qui représentent désormais 50 % de la superficie des ZI. Mission accomplie ou victoire d’étape ?

G.M. : Victoire d’étape, grâce à laquelle nous remplissons l’un des objectifs de la Convention d’objectifs 2020-2024. Mais la création de quatre commissions écoParcs dans le ZIMEYSAVER est une grande étape.

Désormais, nous devons nous repositionner en tant qu’animateur transverse des écoParcs, qui doit simultanément répondre aux besoins des entreprises et atteindre les objectifs de politiques publiques. Cette position peut se révéler délicate, voire ambigüe, mais nous sommes motivés à l’assumer.

La prochaine législature sera celle de la légitimité des commissions. Cela veut dire, concrètement, communiquer davantage sur les travaux et décisions des commissions ainsi que permettre à chaque entreprise de leur adresser ses questions – j’en profite pour remercier les associations d’usagers et les faîtières qui nous appuient dans ce travail.

La FTI a rejoint l’initiative Exemplarité Énergie et Climat de la Confédération. Plus généralement, comment intégrez-vous les questions de durabilité ?

G.V. : La place du développement durable a été renforcée dans la dernière Convention d’objectifs. C’est une préoccupation stratégique de premier plan et nous avons un rôle à jouer en tant que planificateur foncier à l’échelle de la zone et en tant que propriétaire.

En ce qui concerne le parc bâti, nous agissons désormais en vrai gestionnaire d’actifs. Des sites prioritaires ont été identifiés et nous procédons à des évaluations multicritères pour choisir la meilleure option entre rénovation et démolition- reconstruction.

G.M. : Nous avons également intégré une forte composante durable aux lignes directrices des futurs contrats de droits de superficie, par exemple en exigeant l’utilisation optimale des toitures pour la production d’énergie renouvelable. Dans ce contexte, nous avons créé un consortium FTI-SIG qui facilite l’installation de centrales photovoltaïques. Si une entreprise le souhaite, elle peut nous solliciter pour exploiter sa toiture : elle n’investira pas un franc et un tarif au kWh compétitif lui sera proposé. C’est un tournant pour la FTI, qui devient acteur de la production d’énergie pour le secteur industriel.

G.V. : Le DÉFI’23 que nous avons lancé participe aussi à cette démarche, en cherchant à stimuler la recherche ainsi que la mise en pratique de solutions durables et efficientes. Cela va même au-delà, dans la mesure où il s’agit de solutions des
industriels genevois pour les industriels genevois.

Une nouvelle Convention d’objectifs entrera en vigueur en 2025. Vous y réfléchissez déjà ?

G.V. : Bien sûr, la réflexion est en cours et nous nous réjouissons de collaborer à son élaboration avec le département de l’économie et de l’emploi. Dans la continuité de la COB 2020-2024, l’enjeu sera de rester attentifs à une juste répartition des fonciers industriels disponibles, sachant qu’ils diminuent alors que la demande croît. Il faudra être d’autant plus créatif pour répondre aux demandes des industriels.