La Manufacture CSC Sàrl

Les artisans à l’affiche

Les zones industrielles genevoises concentrent quelque 500 activités aussi diversifiées qu’utiles. Notre regard se porte sur une PMI de 5 collaborateurs, La Manufacture CSC sàrl, installée à la ZIMEYSA où elle est active dans l’impression 3D Métal pour la joaillerie et l’horlogerie

Jean-Daniel Schmid et Patrick Claudet, deux des trois associés, nous reçoivent chaleureusement dans leur atelier de Meyrin. L’atmosphère est artisanale, familiale et empreinte de simplicité. Les machines fonctionnent en permanence, de jour comme de nuit.

FTI : Comment est née votre société ?
LM : En 2004, trois associés fondent La manufacture CSC, avec pour idée de départ de créer des aiguilles de montres. Jusqu’en 2008 l’entreprise est active dans le secteur assez traditionnel de la bijouterie : nettoyage casting, petites séries, mais aussi polissage de titane pour la joaillerie. En 2008, la crise mondiale stop brusquement les activités, c’est dans la recherche de nouveaux débouchés que nous nous intéressons à l’impression 3D. La Manufacture, ainsi que 3 autres entreprises créé une entité dédiée à l’exploitation de deux imprimantes 3D Métal. L’idée étant de produire de la bijouterie/horlogerie imprimée en métaux précieux. Nous y avons vu une opportunité de se réinventer.
La technologie est nouvelle et les investissements en équipements et en logiciels sont très importants puisqu’il faut compter 200’000 francs suisses pour une imprimante de taille moyenne. Qui plus est, il n’existe pas de formation spécifique pour devenir spécialiste en impression 3D. Cela représente un coût puisqu’il a fallu investir beaucoup de temps pour maîtriser cette technologie nouvelle pour laquelle les experts sont plus que rares. C’est là que la passion, la patience et l’envie d’innover ont fait la différence.
Depuis 2015 nous ne sommes plus lié par nos anciens partenaires, l’ensemble des activités d’impression 3D se font directement sous le nom de La manufacture CSC. Comme l’impression se faisait déjà exclusivement sous notre toit, cela ne fait qu’avaliser la situation préexistante. Avec notre machine Mlab-R de chez Concept-Laser Gmbh, nous sommes de fait, totalement indépendant.

FTI : Concrètement, que faîtes-vous ?
LM : Nous avons débuté l’activité d’impression 3D par des prototypes de boîtiers de montres en acier Inox. Aujourd’hui, nous sommes plutôt actifs sur la conception et/ou l’impression de joaillerie en titane, selon le processus suivant. Avant d’imprimer tout objet, nous recevons soit un dessin de notre client qu’il faut créer en 3D par ordinateur, soit un fichier 3D, que nous préparons, pour ensuite l’imprimer directement en métal. Pour arriver à coordonner ces deux étapes, il faut du temps, de l’expérience et beaucoup de compétences métiers, pour contrôler la trentaine de paramètres machine ainsi que les subtilités de la préparation des fichiers. Une autre difficulté est de prendre en compte les exigences et les besoins des bijoutiers qui travaillerons sur les pièces imprimées. Aucune école n’enseigne cela. Les ingénieurs d’imprimantes 3D sont des techniciens, plus axés sur la mécanique. Nous, nous sommes artisans bijoutiers de formation. Nous connaissons toutes les étapes de production d’un bijou et c’est ce qui fait notre force. Nous transformons une pièce mécanique en une pièce esthétique. C’est notre marque de fabrique et il faut investir beaucoup de temps pour arriver à ce haut nouveau d’excellence. Et plus la pièce est complexe, plus notre prix est compétitif
Notre métier d’origine a changé. Nous sommes toujours des artisans-bijoutiers créatifs, avec de nouvelles compétences dans les domaines de l’informatique, de la technique et du dessin et des compétences uniques dans l’impression 3D métal.

FTI : Mais pourquoi avoir choisi le titane et l’aluminium ?
LM : Avec une imprimante 3D métal, on peut beaucoup d’alliages et de matériaux. Nos clients travaillent principalement avec des métaux précieux, mais notre expérience nous a montré qu’actuellement l’impression 3D métal, directement en or ne répond pas à nos standards de qualité et est beaucoup trop onéreuse pour nos clients.
Mais un autre secteur assez confidentiel et exclusif existe dans la haute joaillerie, il s’agit des bijoux en titane, aluminium et autre métaux plus exotiques. Ces métaux permettent par leurs caractéristiques métallurgiques de produire de pièces plus fines et plus légères donc plus grandes et plus agréable à porter. De plus le titane et l’aluminium peuvent être teinté dans une grande gamme de couleurs ce qui ouvre de nouvelles portes à la créativité des joailliers.
Avant nous, ces bijoux étaient réalisés soit à la main soit par casting.
Cette technique tout en étant très onéreuse ne donnait pas de bons résultats. L’impression 3D métal, sans être obligatoirement moins chère propose une qualité excellente et une grande répétabilité, de plus sa rapidité, divise facilement les temps de production par deux ou par trois.
Au niveau marketing, l’association de l’image du titane avec le monde du sport automobile ou extrême est chose courante. Dans notre domaine, c’est sa robustesse et sa maniabilité sa qualité esthétique qui en font un atout.

FTI : En fait, La Manufacture est-elle une start-up ?
LM :  Notre activité hautement technologique et innovante pourrait le faire croire. Alors oui si cette start-up a pour objectif est d’aller vers l’innovation et la création de valeur pour tous, mais non car notre objectif n’est en aucun cas la vente spéculative de notre société. Nous ne sommes pas à vendre ! Et après presque treize ans d’activité est-ce que l’on a encore le droit au statut de start-up ?
Notre philosophie d’entreprise artisanale est présente dans les objets que nous produisons ainsi que dans les relations avec nos collaborateurs.
Le produit est conçu par ordinateur, réalisé par une machine et affinés de manière minutieuse par l’homme. Le polissage, le satinage et l’assemblage sont réalisés de nos propres mains. Ils font que notre produit est à la fois technologique et artisanal.
Notre management se veut ouvert, collaboratif, transparent et responsabilisant afin d’être réactif à face à l’innovation.

FTI : Quel est votre segment de marché ?
LM : Avec la création et l’impression 3D notre rayon d’action est illimité. Mais nous sommes des artisans-bijoutier avant tout. Nous avons des contacts avec des entreprises pour la réalisation d’instruments médicaux et pour l’aéronautique.
Notre clientèle est principalement locale, avec les PME/PMI, mais nous collaborons également avec les groupes industriels. Nous exportons également sur d’autres continents. Actuellement, nous veillons à être à même de nous réinventer et répondre à toute demande d’innovation dans notre domaine de prédilection, l’horlogerie-bijouterie.
La concurrence locale et internationale existe, mais ces personnes n’étant pas issues du monde de la bijouterie, ils ne disposent pas des paramètres et technique spécifiques que nous avons développés pour le secteur et cela s’en ressent sur la qualité de leurs produits.

 

La Manufacture CSC Sàrl
Rue de Veyrot 16
1217 Meyrin
jean-daniel@la-manufacture.ch
tél : 022 777 75 26