Le monde de la logistique en plein chantier

La refonte de la logistique est sans doute l’un des enjeux des années à venir. Ce processus qui permet d’amener une marchandise du fournisseur au consommateur n’a pas encore atteint un fonctionnement optimal. Mais la technologie aide maintenant à stocker et transporter des produits, ainsi qu’à identifier les bonnes pratiques.

Se remettre en question a du bon, et c’est l’intention poursuivie par Genie.ch. Cette plate-forme d’écologie industrielle a récemment organisé à la CCIG un atelier sur la logistique urbaine, sous l’égide de la Direction générale des transports et de la Fondation pour les terrains industriels. Le conseiller d’Etat Luc Barthassat y a participé aux côtés d’entrepreneurs. Le but? Identifier les améliorations à mettre en oeuvre à Genève, ce qui implique des partenariats publics-privés.

Sur la base d’expériences sectorielles des groupes thématiques se sont constitués pour voir les applications possibles dans le canton.

Leur réflexion a débouché sur les constats et idées qui suivent.

1er atelier: Le centre de distribution urbaine par mutualisation
En élaborant des règlements adéquats, faudrait réserver des emplacements, privilégier le rail et faire mieux coopérer les acteurs concernés. Certains parkings privés inutilisés au centre-ville pourraient être reconvertis, moyennant certains réaménagements.

2ème atelier: La distribution de marchandises-colis
Au vu de la prolifération des colis engendrée par l’e-commerce, l’idéal serait d’améliorer le système de récupération par la création de points-relais en plusieurs lieux dans la ville.

3e atelier: Le stockage déporté
La congestion du trafic est un problème central à Genève: dès lors, l’idée serait de mieux distinguer le flux des voyageurs de celui des marchandises, d’éviter les nuisances, de décentraliser les centres de stockage et de privilégier les showrooms plutôt que les magasins. Le retrait des produits pourrait se faire loin du centre-ville. Un sondage auprès des commerçants est recommandé.

4ème atelier: L’opérateur logistique
Il faudrait partager certains espaces urbains peu valorisés ou réserver du foncier à un prix acceptable. De nouveaux modèles de mutualisation pourraient ainsi être développés, en distinguant les denrées périssables ou non, sans oublier la gestion des déchets. Au plan réglementaire, il y aurait une réflexion à mener sur les horaires de livraison, encore trop stricts.

Un plan d’actions novateur
Pour répondre à ces enjeux, la Direction générale des transports veut élaborer avec les milieux professionnels un plan d’actions 2019-2023 pour les marchandises et la logistique urbaine. Mais cela fait des années que ces derniers tirent la sonnette d’alarme et se plaignent des effets négatifs que le trafic urbain encombré à Genève cause à leurs affaires.

En décembre 2014, après moult tergiversations, des députés – dont le directeur général sortant de la CCIG Jacques Jeannerat – avaient réussi à faire adopter la loi 10991.

En résumé, celle-ci exige que les transporteurs soient mieux considérés dans le réseau actuel et qu’un Conseil du transport privé professionnel voie le jour. Mais force est de constater que cette modification de la loi sur les routes a mis du temps à être prise en considération. L’intention globale est désormais de prévoir des plateformes favorisant la supply chain (amélioration des flux). Mais aussi de localiser les entreprises selon leur besoin, d’utiliser des véhicules propres et de développer des livraisons par drone ou robot.

Mais la logistique, c’est aussi la digitalisation, une «tour de contrôle globale des flux». Sous l’impulsion de Pierre-Dominique Hohl, la société genevoise EasyShipping4u a lancé une application Transport cloud: celle-ci optimise le service expédition d’une entreprise et pilote les fournisseurs via un monitoring (tableau de surveillance). Par exemple, la société Clarins a ainsi supprimé quatre systèmes différents, qui empêchaient toute visibilité globale sur la chaîne ou le partage de formulaires. Quant à la Banque Cantonale Vaudoise, elle est passée à la signature électronique, plus pratique.

Un suivi en temps réel
Des outils technologiques performants sont nécessaires pour savoir où la marchandise se trouve en temps réel. Ils évitent les coûts qu’impliquent les vérifications, peuvent empêcher la répétition d’erreurs et anticiper les besoins. Dans le commerce de détail en particulier, la tendance va vers la vente directe, l’« ubérisation » (par des applications mobiles) et la robotisation (capteurs ou impression 3D). La perspective est claire: il y aura moins de magasins physiques au profit d’un système immédiat à flux tendu. L’efficacité des livraisons de marchandises sera essentielle à son succès et deviendra un levier de croissance pour les entreprises de logistique.

CCIG Info