La course à la sobriété du secteur public genevois

Hier s’est tenue la conférence annuelle d’un vaste programme de la Confédération pour l’efficacité énergétique. D’importants acteurs publics ont montré comment ils entendaient réduire la facture, pour «aider la Suisse à passer l’hiver»

Rédaction Le Temps | SAMI ZAÏBI | 6 Sep 2022

«Il y a du pain sur la planche, il ne faut pas perdre de temps.» Daniel Büchel, vice-directeur de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), n’y est pas allé par quatre chemins, hier, dans l’auditoire de la Haute Ecole du paysage, d’ingénierie et d’architecture (Hepia), à Genève. Il a lancé un «appel républicain» aux entreprises, leur enjoignant de «continuer [leurs] efforts afin de passer l’hiver». Pourtant, les acteurs des transports, de l’immobilier ou encore de la formation qui lui font face ne ménagent pas leurs efforts.

Ils souscrivent à l’initiative Exemplarité Energie et Climat de la Confédération. Ce programme, lancé en 2013, s’adresse aux principaux fournisseurs suisses d’intérêt public, tant au niveau fédéral (à savoir La Poste, les CFF, Swisscom ou la SSR) que cantonal (Services industriels genevois, Aéroport de Genève, Transports publics genevois). Il vise à réduire massivement leurs besoins en énergie, qui correspondent actuellement à la consommation de la ville de Bâle. Durant la première phase du programme, entre 2013 et 2020, la dizaine d’entreprises impliquées ont augmenté de 30% leur efficacité énergétique.

La sobriété concrètement

A l’heure où les citoyens sont priés de couvrir leur casserole quand ils font des pâtes, il est intéressant de constater l’impact des gros acteurs publics quand ils s’y mettent. Et à Genève, ils ne sont pas rares. Car depuis 1986, le canton fait de l’efficacité énergétique une priorité, a rappelé Antonio Hodgers, conseiller d’Etat chargé du Territoire. Dans un contexte post-Tchernobyl de crainte nucléaire, les Genevois validaient cette année-là un programme de réduction des besoins en électricité, afin de s’affranchir de l’atome.

En chiffres, c’est dans l’immobilier que les marges d’économies sont les plus impressionnantes. Les fondations immobilières de droit public (FIDP), par exemple, qui gèrent plus de 8000 logements à loyer modéré à Genève, ont économisé en 2021 pas moins de 5 GWh, soit la consommation annuelle de 450 ménages. Cela rien qu’en optimisant leurs systèmes de chauffage, et sans toucher au confort des locataires. Une mesure qui représente 1,3 million de francs d’économies, dont 800 000 francs de baisse de charges pour les locataires.

La Fondation pour les terrains industriels (FTI), qui gère les terrains industriels appartenant à l’Etat, a quant à elle vanté sa centrale photovoltaïque du Bois-de-Bay, cofinancée par les SIG et mise en service en 2021. Elle produit 1,5 GWh par an, dont la moitié sera à terme consommée par le bâtiment lui-même. Egalement propriétaire immobilier d’envergure, l’Hospice général devrait achever en 2023 la construction de trois immeubles répondant aux exigences THPE (très haute performance énergétique) et labélisés Minergie, avec chauffage à distance et deux toitures équipées de panneaux photovoltaïques.

Une «Genferei positive»

«En matière d’économies d’énergie, Genève se démarque depuis plusieurs décennies»

ANTONIO HODGERS, CONSEILLER D’ÉTAT CHARGÉ DU TERRITOIRE

Le secteur des transports n’est pas en reste. Les TPG, également signataires de l’initiative Exemplarité Energie et Climat, ont mis en avant leur projet TOSA, ce bus électrique sans ligne de contact, fonctionnant grâce à une batterie plus petite que celle d’une voiture Tesla. L’entreprise de transport entend développer un réseau entier, avec 104 bus de ce type circulant sur six lignes.

A l’issue de ces présentations concrètes, Antonio Hodgers évoque une «Genferei positive»: «En matière d’économies d’énergie, Genève se démarque depuis plusieurs décennies.» Et le Vert de citer le programme Eco21, qui revendique 205 GWh d’économies annuelles à travers des incitations à la sobriété à destination des entreprises comme des particuliers. Et de se faire chantre de l’espoir: «Aujourd’hui, quand on parle d’écologie, cela angoisse. On pense au risque d’effondrement, aux restrictions. C’est compréhensible, mais si on doit vraiment faire cette transition énergétique, nous devons introduire l’espoir dans notre discours. Demain peut être enviable: l’humanité se portera mieux une fois que l’on se sera passé des énergies fossiles.» A l’issue des discours, les entreprises partenaires ainsi que le canton ont signé un engagement à intensifier d’ici à 2030 leur quête d’efficience. ■

Légende photo : La nouvelle centrale solaire du Bois-de-Bay, qui produit 1,5 GWh par an.

Crédit photo : © FTI | Lindsay Rebetez