Construction d’un centre de tri et de valorisation des déchets entièrement robotisé dans la zone industrielle de Satigny

L’arc lémanique confie ses gravats aux robots trieurs

Économie verteLe groupe Helvetia Environnement lève le voile sur Sortera, centre de tri «le plus moderne de Suisse». Devisé à 20 millions, il s’animera à la fin de 2019.

Tribune de Genève – 13.03.2018 – Par Pierre-Alexandre Sallier

Après la collecte, la valorisation. Dans le sillage du rachat de Swiss Recycling Services (SRS) – qui lui a permis de rassembler la plus importante flotte de camions-poubelles du pays – Helvetia Environnement lance la construction d’un centre de tri et de valorisation des déchets entièrement robotisé dans la zone industrielle de Satigny (GE).

S’étalant sur deux hectares, l’installation «la plus moderne du pays» entrera en jeu à la fin de 2019. Elle coûte 21 millions de francs, puisés dans l’emprunt à base «d’obligations vertes» proposé à la souscription l’été dernier.

Baptisé Sortera, le centre doit traiter 70 000 tonnes de déchets par an grâce à l’activité frénétique de deux pieuvres Zen Robotics à même de saisir sur un tapis roulant – puis de trier – plus d’un détritus par seconde. «Il fallait accéder à ces quantités minimales de déchets pour rendre ces équipements viables», explique Vincent Chapel, président d’Helvetia Environnement.

Les gravats passés au crible

«Pour la première fois en Suisse, un centre atteindra 80% de tri des déchets entrants, contre 30% aujourd’hui», détaille de son côté Thierry Vialenc, directeur de Sogetri, société genevoise de traitement de déchets de chantiers passée il y a douze ans sous le giron d’Helvetia Environnement.

Une dizaine de salariés du centre actuel Sogetri de la Praille – forcé de s’adapter au projet urbain qui doit voir le jour dans ce quartier – rejoindront les halles de robots trieurs. Le centre Sortera donnera en outre lieu à une dizaine de recrutements. Les deux tiers des déchets traités arriveront, par train, de chantiers et d’entreprises de toute la Suisse romande, où le groupe dispose de huit centres de réception. Le projet pourrait être répliqué: Vincent Chapel évoque, en marge de l’inauguration du chantier, «un centre dans le nord fribourgeois, au début de 2019».

Sortera fait les poubelles

Le reste des déchets reçus sera constitué de 25 000 tonnes de «déchets urbains» d’entreprises, que ces dernières sont dorénavant chargées d’éliminer. Même s’il existe peu de différence entre les poubelles d’un cabinet d’avocat et celles de l’appartement voisin, les déchets ménagers restent interdits à Helvetia Environnement. Ses robots ne sonneront-ils pourtant pas le glas du tri des ordures imposé aux ménages? «Le système suisse reste vertueux; séparer les déchets très tôt permet un recyclage beaucoup plus fin – ce que confirme la différence avec certaines agglomérations françaises qui ont choisi un traitement mécano-biologique des ordures brutes», explique Jacques Martelain, directeur du Service cantonal de géologie, sol et déchets.

2% du recyclage genevois

Sortera reste un «élément clé pour que Genève rejoigne la moyenne nationale de 50% de déchets triés sans imposer de taxes sur les sacs-poubelles», estime de son côté le conseiller d’État Luc Barthassat, en charge notamment de l’Environnement. Le calcul? Sortera devrait augmenter de 2% un taux de recyclage genevois actuellement de 46% – inférieur au canton de Vaud.

«Ce projet accompagne la mise en place de la nouvelle usine d’incinération des ordures des Cheneviers», ajoute Vincent Chapel. Dans six ans, Genève sera doté d’un incinérateur modernisé, mais qui ne brûlera plus que 160 000 tonnes d’ordures par an, contre 210 000 tonnes aujourd’hui. Un compte à rebours qui imposera donc de recycler 50 000tonnes de plus. L’objectif étant que 60% des déchets ne partent alors pas en fumée au bord du Rhône.