Divisé, le Municipal a finalement donné un préavis positif sur ce site, qui doit notamment accueillir l’usine Caran d’Ache.
Oui, selon la conseillère administrative Guylaine Antille: «L’enjeu est de taille: il s’agit de garder une manufacture importante sur le territoire.» Des PME sont également attendues. En cas de refus, «on enterrerait Caran d’Ache et on se mettrait hors-jeu» pour les discussions à venir, relance le PDC Luc Gioria.
Le PLR Karl-Anton Baumann rappelle que la commune a elle-même préavisé favorablement le déclassement de la zone il y a cinq ans: «Si le vote avait eu lieu aujourd’hui, nous aurions peut-être dit non. Mais c’est fait. Il faut donc continuer à accompagner ce projet.»
Article de la Tribune de Genève | Par Chloé Dethurens | 15.02.2023

À Bernex, les nombreux projets de développement prévus par le Canton donnent décidément du travail aux élus. Mardi soir, ceux-ci étaient appelés à se prononcer sur le plan directeur d’une nouvelle zone industrielle et artisanale, censée voir le jour près de l’autoroute. Elle accueillera, notamment, l’usine Caran d’Ache. Malgré de nombreuses inquiétudes, les conseillers municipaux lui ont finalement donné leur feu vert après un vote serré.
Cette zone industrielle se situera à côté de l’échangeur autoroutier, près du nouveau quartier de Saint-Mathieu. Elle est, selon le Conseil administratif, nécessaire pour combler le déséquilibre entre emplois et logements qui règne dans la commune. Le magistrat chargé des finances, Gilbert Vonlanthen, l’a rappelé: avec les nombreux projets de développement en cours à Bernex, la commune a besoin d’emplois pour faire face aux dépenses en termes, notamment, d’infrastructures.
Un millier d’emplois
La zone dite des «Rouettes» en générera environ un millier. «Nous sommes face à nos responsabilités, indique le magistrat PLR. On ne peut pas revenir en arrière, au Bernex du passé. Dans ce cas, il ne fallait pas accepter le prolongement du tram.» Notons que le projet d’y installer le bureau des autos a été abandonné par l’Etat, celui-ci n’ayant finalement pas fait valoir son droit de préemption.
Or, certains élus de gauche se sont montrés plutôt inquiets, évoquant de «sérieux doutes» quant à l’impact et aux coûts du projet. Pourquoi, alors que la commission a récemment donné un préavis positif à l’unanimité? Les conseillers municipaux ont dû travailler «au pas de charge», ont indiqué plusieurs d’entre eux. «Il nous manque des éléments, regrette Florian Dumalle, du groupe verts-socialistes. Ce projet, qui concerne 150’000 mètres carrés de surface naturelle et agricole, a été imaginé il y a dix ans, avant les accords de Paris! Beaucoup de choses ont changé depuis. A-t-on vraiment besoin d’un nouveau site industriel?»
«L’enjeu est de taille: il s’agit de garder une manufacture importante sur le territoire.»
La zone industrielle et artisanale des Rouettes
Le périmètre accueillera notamment l’usine Caran d’Ache, qui quittera Thônex.

Au final, avec 10 pour, 7 contre et 3 abstentions, le feu vert est donné. Les élus ont toutefois voté quelques garde-fous en demandant notamment que l’aménagement de la zone industrielle n’engendre pas de trafic dans le quartier de Saint-Mathieu, que des mesures soient prises pour protéger la biodiversité du secteur et que les études de faisabilité soient à moitié prises en charge par les acteurs du projet. Une distance minimale avec le boulevard des Abarois – un projet de route lui aussi contesté – devra enfin être respectée.